Conversation à bâtons rompus avec une amie de longue date, nous nous sommes rencontrées sur les bancs de Sciences Po. "Si tu cites mon nom, je te tue", dont acte, je tiens trop à la vie. Il faut dire qu'elle fait une très belle carrière, donc très visible.
Nous bavardons et la question tourne autour de la légitimité professionnelle des femmes. Elle me livre son expérience. " A haut niveau, les carrières se jouent moins dans la linéarité que dans la véritable mobilité. Il est de moins en moins rare de prendre la responsabilité d'une structure dans laquelle on n' a pas fait ses armes. Nous, les femmes, tirons notre légitimité de nos compétences, de nos connaissances techniques d'un métier ou d'une activité. Il nous est plus compliqué de nous imposer dans ce cas de figure et on ne se prive pas de nous rappeler que nous ne connaissons pas le métier, même si dans la plupart des cas on est venu nous chercher pour occuper le poste. Car les femmes osent moins faire acte de candidature que les hommes. Les hommes sont d'avantage jugés sur leur charisme et ils ont un avantage considérable sur nous, ils se situent dans le pouvoir. Ils savent à merveille tirer parti des réseaux, des clubs et ils bénéficient, naturellement, de la cooptation masculine. La question de fond est que nous osons moins qu'eux. Je me souviens de mon premier conseil d'administration, j'étais la seule femme et le regard que je sentais sur moi était clair, que faites-vous ici?"
La légitimité des femmes : une posture ?
Ce témoignage rejoint celui sur les conseils d'administration et la place de la femme dans la société. Je veux juste ajouter un point qui me semble important et qui est d'ailleurs souvent évoqué, il s'agit de la fameuse "notion de complémentarité homme / femme" avec les remarques suivantes "c'est bien de mixer car on mélange ainsi les sensibilités, les femmes sont plus économes,plus sensibles, les hommes prennent plus de risques,...etc !" Je trouve ces considérations très dangereuses finalement car elles entérinent de facto l'existence d'une différence psychologique homme/femme et par conséquent elles favorisent de possibles considérations d'inégalité. Même si dans la différence (h/f)il n'y a pas obligatoirement la notion de rapport de force, il y a l'induction d'une comparaison (h/f). Par ailleurs, je n'ai pas souvenir que la psychologie ait scientifiquement avéré de distinction de types de personnalités selon le sexe. On entend sur ce point un peu tout et n'importe quoi ! Donc, prudence !
Rédigé par : Frédéric | 11/03/2010 à 15:35