Ne soyez pas le second rôle de votre vie

Un zeste de rébellion

Nous sommes le 29 avril, ma dernière note date du 19 avril dernier, horreur ! Je constate qu'avec les premiers beaux jours, le pollen endort le fonctionnement de mes cellules grises. Néanmoins il aura suffi de quelques réactions de certains de mes copains autour de mon blog pour me remettre à ma plume. L'un pense que je suis trop classique et l'autre que je ne vais pas assez loin.

Je me lâche...

Dans ce monde si conformiste,

oser s'imaginer en Alice au pays des merveilles terrassant un dragon;

voir une carotte manger un lapin sans craindre le ridicule;

ne pas mettre les "s" au pluriel sans complexe;

se sentir "roi" en toute légitimité;

et finalement, devenir le premier rôle de sa vie,

nécessite une bonne dose de liberté d'esprit à laquelle s'ajoute un zeste indispensable de rébellion !

 

Qui t'as fait roi ?

Qui t'as fait comte ?... Qui t'as fait roi ?

Etre ou ne pas être légitime ? Telle est LA question.

Détendons-nous. Tout un chacun est confronté à un moment ou à un autre à ce genre de débat intérieur. Un nouveau projet, une réorientation professionnelle, une reconversion nous exposent d'avantage. Plus visibles, nous souffrons du syndrome de l'imposture. Ai-je raison ? Que va -t- on dire de moi ? Suis-je bien à ma place ? Ai-je les compétences nécessaires ? Comment s 'assurer de cette légitimité, si chère à nos yeux, qui nous confortera dans notre bon droit ? En cherchant souvent à obtenir  la reconnaissance ou l'adoubement par une communauté de référence : pairs, équipes, lecteurs, électeurs, clients, patients, en évaluant si nous sommes conformes à ses critères. 

Mais au fond est-ce si important?

A l'origine du sens de la légitimité, il y a la notion de conformité à la loi. En particulier,  la naissance  dans le cadre du mariage en est une illustration. Pour éclairer mon propos, permettez-moi une   petite digression historique.  Elizabeth Ière d'Angleterre, fille d'Henry VIII et Anne Boleyn, fut déclarée illégitime par le parlement anglais après que sa mère eut été exécutée. Elle l'était déjà aux yeux de toute l'Europe. Le mariage de ses parents n'étant pas considéré valide, elle était donc née hors mariage. C'est donc une princesse "illégitime" au regard de l'époque  qui est montée sur le trône, ce qui, cela va sans dire, était une difficulté de taille. Et pourtant, elle sût  magnifiquement conquérir sa légitimité politique, devenant ainsi un des plus grands monarques anglais. Comme quoi!  

Considérez le doute sur votre légitimité comme un doute positif. Cela signifie que vous êtes pleinement investi dans votre projet (changement de job, projet etc.) et que vous êtes prêt à mettre le paquet pour en assurer la réussite. Il vous faut apprivoiser cette peur pour en faire un propulseur et non un frein. Ayez en tête que vous êtes "unique", un mélange "unique" entre ce que vous savez faire et ce que vous êtes, et que votre projet est également "unique" car le lien avec lui est tout aussi "unique".  Et c'est ce que vous devez valoriser. Mettez de coté votre angoisse légitimiste et concentrez-vous sur la vision que vous avez de votre projet. Ce qui vous motive à le faire, ce qu'il vous apportera et le rôle qu'il vous permettra d'avoir vis-à-vis de vos collaborateurs, vos clients, vos partenaires et du monde autour de vous. Si d'aventure vous aviez encore une hésitation, demandez vous quelles pourraient être les raisons de ne pas réaliser votre projet et ce qui se passerait si vous décidiez de renoncer.

Construisez votre légitimité en cultivant votre différence, c'est là où sera votre force.

Vous ne mettez pas les "s" au pluriel

Conversation au vol avec l'institutrice de ma fille, six ans et demi. Pas l'institutrice, ma fille. J'apprends que ma chère tête brune ne met pas les "s" au pluriel. Catastrophe !  Je n'ai pas avoué à la maîtresse que moi aussi j'oubliais parfois les "s" et que j'étais fâchée avec certaines règles de grammaire. Nous verrons sûrement  le sujet plus tard, avec une autre maîtresse.

Les "s " au pluriel deviennent ensuite dans le monde professionnel ce qu'on ne sait pas faire, ce qu'on ne fait pas bien, ce qui manque, les compétences qu'on n'a pas etc..Une certaine tendance est plutôt à s'attacher aux points négatifs  voire aux détails qui tuent sans délivrer d'encouragements ou de félicitations pour ce qui est positif. Comme si au fond c'était normal et donc ça ne revêtait aucune importance.  Dans l'exemple qui sert de base à ma réflexion, ma fille lit très bien mais c'est devenu secondaire par rapport aux "s" au pluriel.  Je me suis souvenue d'une évaluation de fin d'année où je m'étais fait massacrer par mon patron de l'époque et d'un autre qui avait écrit, entre autres joyeusetés, que j'avais une qualité de plume insuffisante. Je ne l'ai pas informé de la naissance de mon blog, de peur qu'il s'en souvienne ! Bref, allez reprendre confiance en vous après ce genre d'exercice. Quand on se sent habillé pour les 15 hivers à venir, on a du mal à penser aux printemps qui succèderont !

L'idée qui me vient est d'inverser la vapeur. Si d'aventure vous vous sentez un peu démotivé ou vous doutez de votre légitimité ou vous avez pris l'engueulade de votre vie, livrez vous à l'exercice que je vous propose. Valorisez  ce qui va bien, ce que vous faîtes bien, ce que vous aimez faire, vos réussites. Pensez aux solutions au lieu des problèmes.  A la place des compétences que vous pensez ne pas avoir, optimisez celles que vous êtes certains d'avoir.

A la fin quand vous aurez repris votre respiration, pensez aux moyens à mettre en oeuvre pour ne pas oublier les "s" au pluriel.

La carotte mange le lapin

C'est une histoire de première année d'école primaire. Imaginez une classe de bambins entre 6 et 7 ans à qui l'on propose un exercice de compréhension. Il s'agit de barrer les phrases dont le sens leur paraît improbable. Ces chères têtes blondes s'appliquent.  "La carotte mange le lapin". Une petite fille  trouve rigolo l'idée d'une grosse carotte grignotant un lapin et au grand dam de ses copains de classe qui lui lancent des regards courroucés, elle ne barre pas la proposition.

Cette réaction fraîche qui témoigne d'une liberté d'esprit m'a fait rêver, nous qui évoluons dans une société et des organisations codifiées, procédurières, réglementées voire uniformisée. Ce qui se fait ou non (et ça change!), ce qui se dit ou non, le livre qu'il faut avoir lu, le film qu'il faut avoir vu ou se garder de voir. Le restaurant où il faut aller, pour contempler dans son assiette trois blancs de poireaux qui se battent en duel. Même la mode, qui devrait être le temple de la fantaisie et l'expression du plaisir, est le règne des "it bag", "it shoes", ou autres "must have". Et même les vacances ne sont pas épargnées. Je vous rapporte une conversation récente que j'ai eu avec un copain qui me parlait des siennes entre Ibiza, Saint-Tropez et Mykonos. A la question "où passes-tu tes vacances", je répond : "dans les Corbières", "où-est-ce?", "près de Narbonne". "Tu passes tes vacances à Narbonne!", me dit-il, interloqué.  Je pense qu'il ne s'en est pas remis.

La liberté d'esprit, un autre Prozac?

Etre libre d'esprit, c'est aussi s'autoriser à être soi-même. J'ose énoncer que si on se donne cette permission, on la donne aux autres et on admet leur différence. Cela valorise les relations humaines. On ne craint plus le débat, la contradiction, l'échange. On s'enrichit beaucoup plus de la relation à l'autre, qui devient porteuse d'opportunités. C'est vrai dans les relations professionnelles comme dans la vie courante. 

Et vous que préférez-vous: "le lapin mange la carotte" ou "la carotte mange le lapin"?

Alice au pays des merveilles

L'actualité cinématographique est une grande source d'inspiration pour moi et certains metteurs en scène me ravissent plus que d'autres. Tim Burton en fait partie, j'adore les univers fantastiques, souvent poétiques  et parfois totalement déjantés qu'il propose. Quel est le lien entre mon propos général et Alice aux pays des merveilles? Plus que le lien, les liens. Trois me viennent à l'esprit.

Le recours au rêve, à l'imagination, qui contrairement aux idées recues, ne constitue pas  un moyen de fuir la réalité, mais au contraire en offrant une sorte de distanciation rafraîchissante permet d'en avoir une autre perception. Le rêve est  l'étincelle ou le déclic qui deviendra un puissant vecteur de créativité. En ouvrant vos perspectives et vos horizons, il sera la source d'inspiration de vos projets que vous mettrez en oeuvre. L'expérience du pays des merveilles fait réaliser à Alice le sens qu'elle souhaite donner à sa vie et en premier son appétit de découvrir le monde. Autorisez-vous le rêve!

Il y a le dragon qu' Alice, "champion" de la reine blanche, tue. Le thème sans cesse renouvelé du dragon, terrassé par le héros ou l'héroïne, revêtu de l'armure du vaillant guerrier. Le dragon qui symbolise peurs et craintes. Comment terrasser vos dragons ou comment affronter vos peurs, votre problème pour lequel vous n'avez pas la solution? Le mur contre lequel vous vous heurtez en permanence, la promotion que vous n'arrivez pas à avoir, tout ce qui vous semble insurmontable. Comment faites-vous? Quelle décision prenez-vous pour minimiser ce dragon? Comme Alice, vous le tuez? Vous l'intégrez? Vous le niez, vous le fuyez, vous vous laissez submerger ou vous attendez du secours? 

Penser à six choses impossibles avant le petit-déjeuner pour être certain d'en réaliser une, telle est la recette quotidienne du père d'Alice. Et Alice qui défaille de terreur à l'idée d'affronter le dragon, pense à six choses impossibles: les animaux ne parlent pas (au pays des merveilles, ils parlent), les chats ne sourient pas (au pays des merveilles, le chat sourit) et au dragon qu'il lui semble impossible de tuer, entre autres impossibilités, et elle tue le dragon. Peut-être une nouvelle recette pour terrasser ce maudit dragon.

 

Being coach

Eu égard à mon passé de banquière, d’aucuns me posent souvent la question : "mais pourquoi es-tu devenue coach ?" Traduction : "quelle mouche t’a piquée ?"

 

Banquière, qui plus est dans un établissement prestigieux, c’est sérieux et socialement convenable, coach…manifestement un peu moins, en tous cas pour certains. En clair, ce changement surprend. Soit. Mais c’est le mien. Et confidence pour confidence, j’aime ce métier.

 

En regardant en arrière, je peux dire qu’être banquière m’a intéressé, faire de la communication aussi. J’ai utilisé mes compétences, mes connaissances, j’ai eu des postes intéressants mais je n’ai jamais eu la sensation de contribuer vraiment à quelque chose, d’avoir eu un rôle réel. En conséquence, je suis restée "collatérale".

 

J’ai osé le choix du coaching et j’en suis ravie. Je me sens une vraie utilité. Pas seulement de mettre à la disposition des gens qui m’en font la demande mon expertise et mon expérience pour les aider à clarifier leur vision.

Ce que j’aime, c’est voir mes interlocuteurs modifier le regard qu’ils portent sur eux-mêmes. Utiliser un vocabulaire moins censuré où il était question de " il faut", " je dois"  pour passer à " je veux " ou "j’aime"  ou même "ce dont je ne veux plus" ou " ce que je n’aime pas ", ce qui est déjà un début. Moins se complaire dans des croyances limitantes, faire émerger et valoriser des talents auxquels ils ne pensaient pas  et peu à peu ouvrir leurs perspectives pour qu’ils trouvent leurs solutions et fassent leurs vrais choix.

J’aime voir la petite étincelle dans leurs yeux qui me fera comprendre qu’ils ont fait un pas, aussi petit soit-il, vers la réussite de leur projet.

 

Je me souviens d’une jeune femme que je suivais et qui n’arrivait pas à convaincre sa hiérarchie de lui donner le job qu’elle souhaitait. Au cours d’une conversation, elle me raconte qu’elle " peut faire ci" , qu’elle " peut faire ça " etc. pour me convaincre moi aussi. Je lui ai simplement demandé, "tu peux faire, tu sais faire, je le sais, mais que veux-tu pour toi ? Et dans ses yeux, il y a eu un déclic, comme si elle découvrait quelque chose. Plusieurs jours après elle me téléphonait pour me dire qu’elle avait le poste. Je ne considère pas avoir j’ai joué un grand rôle dans son succès mais ma question lui a probablement permis de  changer de posture, le reste elle l’a fait.

 

C’est la raison pour laquelle je fais ce métier.

la mélodie du défaut

Question surprenante de mon mari un samedi soir : "quel est mon principal défaut ?" J’aurais dû sauter sur l’occasion en or qui m’était ainsi offerte...  Au lieu de cela, me voilà plongée dans un abîme de réflexion.

 

Au fond la réponse comme la question est compliquée.

 

La qualité évoque le plus et a un sens positif, le défaut signifie faiblesse ou manque et a une connotation négative, qualité ou défaut par rapport à quoi ou à qui ?

 

Vous connaissez sans aucun doute la question que posent invariablement chasseurs de têtes ou recruteurs : "quel est votre principal défaut?" qui précède en général " quelle votre principale qualité?". Parfois on vous parlera de vos points forts ou points faibles. Comme vous avez bien préparé votre entretien, tout va bien. Vous êtes aussi familier de  l’expression : "  il ou elle a les défauts de ses qualités et les qualités de ses défauts ". Vous avez aussi déjà entendu : " alors là il m’a soufflé, d’habitude il est lent, incapable de prendre une décision. Pour une fois il s’est surpassé".

 

La notion est donc évolutive comme un curseur que vous promenez entre un minimum et un maximum : trop d’une qualité peut nuire en devenant un frein à la prise de décision,  le mieux étant l’ennemi du bien, et moins d’un défaut peut se transformer en qualité. Tout dépend de la perception que vous avez de l’environnement où vous êtes, du contexte, de votre entourage, du degré d’urgence et de votre état interne, vous êtes confiant ou stressé. La manière dont votre entourage vous perçoit est importante, par moment les signaux sont positifs, à d’autres, ils le seront moins. Ce qui veut dire que ce qui est vrai dans une situation donnée, c’est à dire vos qualités, peuvent devenir des défauts dans une autre. Pour autant vous n’avez pas l’impression d’avoir changé. Vous nagez dans la mer de la subjectivité.

 

Ce qui m’amène à ma conclusion. Ne vous focalisez pas trop sur vos défauts, on vous en trouvera toujours. Concentrez-vous sur vos talents et essayez de comprendre quelles sont les recettes qui n’appartiennent qu’à vous et qui vous mettent invariablement sur le chemin du succès.