J'entends, telle est une rumeur persistante, l'incantation destinée aux femmes de "s'autoriser à réussir". Ce qui me laisse perplexe, je l'avoue. J'ai cotoyé et je continue à cotoyer beaucoup de femmes qui réussissent, elles ne sont pas toutes membres de conseils d'administration, certes, mais elles conduisent de très honorables carrières. Quand je lis que certains rapports préconisent des accompagnements spécifiques pour les femmes dans les entreprises, je me demande avec inquiétude si on ne va pas rouvrir les polytechniques féminines ou autres HEC JF. Une femme ne peut-elle pas être un homme comme tout le monde? Je m'égare...
Cette préoccupation est liée au rôle qu'une femme s'attribue dans la société. Ce rôle trouve sa source dans l'idéal féminin tel qu'il est véhiculé dans l'éducation que l'on reçoit, les traditions familiales et religieuses et bien sûr non seulement dans ce qui est dit mais plus sûrement encore, dans le non-dit. S'autoriser à réussir c'est trouver une légitimité à son désir de réussite professionnelle voire transgresser une forme de culpabilité, pour affirmer un projet de vie plus large que celui d'avoir des bébés. Avec à la clé l'équilibre intérieur délicat entre la femme et la mère.
La société est plus respectueuse du rôle professionnel de l'homme. Un homme qui bosse est "un homme", une fois la porte du bureau franchie, son rôle de "père" reste à la maison et on ne le dérange pas pour des question familiales. Pour une femme, c'est plus compliqué de n'être qu' "une femme" au travail. Quand votre chère petite tête blonde est malade, la directrice de l'école appelle maman et si maman ne répond pas, alors elle appelle papa. Il n'est pas rare dans la journée d'avoir à régler des questions de judo, vacances, livres à acheter, d'horaires et que sais-je encore. C'est la raison pour laquelle certains employeurs estiment que les femmes ne peuvent être dédiées à leur job à 100%. Autre difficulté.
Néanmoins, il y a de l'évolution dans l'air. A la dernière sortie de classe de ma fille, il y avait quatre pères parmi les accompagnants et tout le monde a trouvé ça sympa parce que certains avaient apporté du rosé !
Comme première piste de réflexion pour faciliter les choix à faire et les décisions à prendre, je pense qu'il faut être clair avec le sens que l'on donne à sa réussite professionnelle et sa motivation profonde. Cherchez-vous à satisfaire l'estime de vous, votre indépendance, votre sécurité financière, une position sociale, voulez-vous faire carrière, intégrer à terme un conseil d'administration ou non ? Une petite suggestion : il est inutile de jouer au martyr en sacrifiant toute ambition professionnelle, on ne vit pas de regret.
Une deuxième piste de réflexion m'a été offerte récemment par une femme qui a vécu longtemps en Amérique du Sud. Les sud- américains estiment que le troisième millénaire sera féminin, les femmes ne s'étant pas suffisamment mises en valeur. Le deuxième millénaire a été éminemment masculin et guerrier, marqué par la conquète du pouvoir et de l'argent. L'entrée dans les années 2000 devrait permettre aux femmes de se mettre d'avantage en lumière en valorisant leurs talents de clairvoyance, d''intuition, d'humanité, de compréhension et d'organisation.
Non, ce ne sont pas des histoires de "bonnes femmes" ni un prêchi-prêcha destiné à vanter les mérites du travail à temps partiel !
L'idée vaut la peine d'être méditée. Si s'autoriser à réussir était aussi s'autoriser à être une femme et oser valoriser son potentiel propre plutôt que se mesurer aux hommes, après tout qu'ont-ils de mieux que nous ?
Oser être moins guerrière et d'avantage magicienne ?
Merci Hélène d'ouvrir ces pistes... Effectivement, il faut oublier les rôles que la société nous donne (il y a 10 ans, j'ai claqué la porte de mon PDG, qui me disait sur un ton sincèrement étonné "c'est bien d'avoir de l'ambition, pour une femme " !!!) pour faire les choix qui nous conviennent : comme je n'ai jamais trouvé mes marques dans le monde du salariat, j'ai décidé de travailler en freelance. J'arbitre, je décide... je ne culpabilise plus et je ne suis plus jamais frustrée de devoir faire des choix entre mon boulot et mes enfants.
Rédigé par : Isabelle | 29/08/2010 à 18:23
Avec un commentaire pareil, j'ai relu mon texte que j'avais il est vrai un peu oublié. Femmes, du nerf, le monde est à nous, pour peu qu'on s'en donne la peine. Evidemment, il faut être un peu "originale" en tous les cas en esprit. Move!
Rédigé par : Hélène de Montaigu | 29/08/2010 à 22:41