Ne soyez pas le second rôle de votre vie

Guerrière ou magicienne, une suite intéressante

J'ai reçu un long commentaire à propos de ma dernière note "guerrrière ou magicienne" que je trouve très intéressant et que je reproduis in extenso.

" bien ton papier, cela m'a plu...et je te suis pas mal ds ton cheminement de pensée quelques réflexions du métro ce matin 8h: ( j'ecris bcp moins bien que toi....)

je pense qu'avant tout, l'important pour une femme est de se sentir bien dans sa peau de femme ( et donc ne pas être martyr...comme tu dis )...quelques soient les choix...

ça veut dire quoi réussir ? aux yeux de qui ? et je pense qu'il faut que cela soit d'abord par rapport à soi même; qu'est qu'on s'en contre fiche de ce que les autres pensent si encore une fois on est bien dans ses baskets je crois que la femme est de toutes les façons tiraillée en permanence, entre sa maison, son mari, ses enfants, son boulot; c'est comme ça et d'ailleurs on est batie suffisamment résistantes pour endosser le tout..........beaucoup plus que nos hommes qui cloisonnent les tâches comme tu dis, quand ils sont au boulot, ils sont au boulot et pas ailleurs...

je crois qu'il est de toute les façons difficile que deux personnes  d'un couple mènent de front une carrière professionnelle; quid des enfants petits ( qd je vois avec quelle jouissance Raph se blottit ds mes bras au sortir de son lit...et si je ne suis pas là ?? ) l lorsqu'il y a des réus, des voyages, des séminaires, des....j'en passe...

de plus, mais c'est très personnel, l'expérience me montre qu'il n'y a pas grand chose à attendre des entreprises comme reconnaissance, sauf à construire soi même son propre épanouissement...on sait à quel point les entreprises savent nous utiliser et nous jeter avec la même facilité.

donc donnons à l'entreprise de notre temps et de notre matière grise pour avant tout notre propre bien être de telle façon que cela permettre de construire notre équilibre et notre épanouissement...

On fait du travail des femmes un combat et chaque entreprise met en place, pour le bonheur des syndicats, des plans d'aménagement du temps de travail, mais on sait pertinemment que lorsque les femmes ont atteint des hauts niveaux de responsabilité, on peut leur refuser ce travail à temps partiel et le considérer comme un handicap....et le fameux jour de temps partiel se transforme en une journée accrochée à son téléphone avec le bureau....

les mentalités évoluent un peu et à l'école de Raph il y avait aussi des papas à la dernière matinée " expérience"; le chomage fait aussi pour rendre de la disponibilité à ceux qui n'en avait pas...ils découvrent ainsi autre chose et redécouvrent une certaine complicité avec leurs enfants...

je ne sait pas si le troisième millénaire sera féminin...j'espère pas, car on a besoin d'un certain équilibre...et de toutes les façons je suis persuadée que les femmes ont déjà largement le pouvoir ( d'influence, parce qu'elles ont des talents )...dans bcp de domaines..."

Je me suis sentie rassurée en recevant ce commentaire, au moins mes réflexions recoivent un écho favorable, non pas que je me sente forcément dans le vrai mais je ne me sens  pas dans le désert.

Ces lignes illustrent à merveille le réalisme ou pragmatisme des femmes qui n'imaginent rien de plus que ce qui existe déjà et qui ne s'en laissent pas conter.  Travail et vie personnelle rentrent dans un projet de vie global destiné à assurer une certaine forme de bien-être et d'épanouissement.

Alors finalement, magicienne?

 

Guerrière ou magicienne?

J'entends, telle est une rumeur persistante, l'incantation destinée aux femmes de "s'autoriser à réussir". Ce qui me laisse perplexe, je l'avoue. J'ai cotoyé et je continue à cotoyer beaucoup de femmes qui réussissent, elles ne sont pas toutes membres de conseils d'administration, certes, mais elles conduisent de très honorables carrières. Quand je lis que certains rapports préconisent des accompagnements spécifiques pour les femmes dans les entreprises, je me demande avec inquiétude si on ne va pas rouvrir les polytechniques féminines ou autres HEC JF. Une femme ne peut-elle pas être un homme comme tout le monde? Je m'égare...

Cette préoccupation est liée au rôle qu'une femme s'attribue dans la société. Ce rôle  trouve sa source dans l'idéal féminin tel qu'il est véhiculé dans l'éducation que l'on reçoit, les traditions familiales et religieuses et bien sûr non seulement dans ce qui est dit mais plus sûrement encore, dans le non-dit. S'autoriser à réussir c'est trouver une légitimité à son désir de réussite professionnelle voire transgresser une forme de culpabilité, pour affirmer un projet de vie plus large que celui d'avoir des bébés. Avec à la clé l'équilibre intérieur délicat entre la femme et la mère.

La société est plus respectueuse du rôle professionnel de l'homme. Un homme qui bosse est "un homme", une fois la porte du bureau franchie, son rôle de "père" reste à la maison et  on ne le dérange pas pour des question familiales.  Pour une femme, c'est plus compliqué de n'être qu' "une femme" au travail. Quand votre chère petite tête blonde est malade, la directrice de l'école appelle maman et si maman ne répond pas, alors elle appelle papa. Il n'est pas rare dans la journée d'avoir à régler des questions de judo, vacances,  livres à acheter, d'horaires et que sais-je encore. C'est la raison pour laquelle certains employeurs estiment que les femmes ne peuvent être dédiées à leur job à 100%. Autre difficulté.

Néanmoins, il y a de l'évolution dans l'air. A la dernière sortie de classe de ma fille, il y avait quatre pères parmi les accompagnants et tout le monde a trouvé ça sympa parce que certains avaient apporté du rosé !

Comme première piste de réflexion pour faciliter les choix à faire et les décisions à prendre, je pense qu'il faut être clair avec le sens que l'on donne à sa réussite professionnelle et sa motivation profonde. Cherchez-vous à satisfaire l'estime de vous, votre indépendance, votre sécurité financière, une position sociale, voulez-vous faire carrière, intégrer à terme un conseil d'administration ou non ? Une petite suggestion : il est inutile de jouer au martyr en sacrifiant toute ambition professionnelle, on ne vit pas de regret.

Une deuxième piste de réflexion m'a été offerte récemment par une femme qui a vécu longtemps en Amérique du Sud. Les sud- américains estiment que le troisième millénaire sera féminin, les femmes ne s'étant pas suffisamment mises en valeur. Le deuxième millénaire a été éminemment masculin et guerrier, marqué par la conquète du pouvoir et de l'argent. L'entrée dans les années 2000 devrait permettre aux femmes de se mettre d'avantage en lumière en valorisant leurs talents de clairvoyance, d''intuition, d'humanité, de compréhension et d'organisation.

Non, ce ne sont pas des histoires de "bonnes femmes" ni un prêchi-prêcha destiné à vanter les mérites du travail à temps partiel !

L'idée vaut la peine d'être méditée. Si s'autoriser à réussir était aussi s'autoriser à être une femme et oser valoriser son potentiel propre plutôt que se mesurer aux hommes, après tout qu'ont-ils de mieux que nous ?

Oser être moins guerrière et d'avantage magicienne ?

 

 

Stéphanie Will, et moi

Je rencontre Stéphanie Will régulièrement au cours des petits déjeuners "écriture" animés par Anna Piot et Christie Vanbremeersch. Aujourd'hui, le cadre est différent, nous sommes assises confortablement dans de profonds fauteuils, sirotant des cappucinos, glacé pour elle et chaud pour moi.

Sa réserve naturelle m'intriguait, je l'ai donc écouté me raconter son parcours et ma curiosité a été largement récompensée.

De longues années passées à arpenter cafétarias et autres traiteurs en tant que serveuse ou "équipier polyvalent", payée au smic, la reprise d'études qui lui permettent d'acquérir une spécialité dans la création et la stratégie de communication de site web et lui ouvrent les portes de boîtes de communication. Ce sera une succession de CDD à travailler sur des sujets certes passionnants mais payés au lance pierre pour des horaires démentiels. Le mot qui conclut cette expérience : l'autonomie. "Ces années m'ont permis de travailler sur de beaux projets, j'ai acquis une expertise indéniable que je pouvais valoriser et surtout j'ai compris que je voulais travailler en indépendante".

L'opportunité lui est fournie par une grossesse. "Je me suis projetée dans le temps et j'ai réalisé que je ne voulais à aucun prix donner l'image d'une mère vivotant au smic à mon enfant. Il était primordial pour moi de me situer sur une trajectoire de réussite pour être à la fois un modèle et lui transmettre les valeurs auxquelles je crois. J'ai décidé d'aller jusqu'au bout de mes choix pour avoir une vraie fonction dans la société, la recherche de ma dignité me le commandait." 

Sa fille a quatre mois, Stéphanie se lance dans la mise en oeuvre de son idée : monter son business d'assistant personnel destiné à accompagner des chefs d'entreprise dans leur stratégie et opérations de communication.

Sa fille a trois ans aujourd'hui. La société de sa chère maman "Stéphanie Will et vous" est immatriculée depuis deux ans. Stéphanie semble satisfaite du chemin parcouru.

Il est difficile de résumer trois ans de vie en quelques coups de plume et il aurait fallu la journée pour en parler. C'est peu dire qu'il lui a fallu mobiliser toutes ses ressources d'énergie, d'endurance et de temps pour avancer vers le but fixé. Il y a eu certainement des dragons à terrasser, des freins à surmonter et des peurs à vaincre.

Et tous les ingrédients de la réussite étaient réunis.

Un imprévu qui devient opportunité,

une expérience, des compétences solides alliées à des talents de créativité et à un sens aiguë de la perfection,

une motivation "féroce" : la satisfaction de l'estime de soi avec à la clé un niveau de vie adéquat,

des objectifs précis et réalistes,

le tout dédié à une vision claire de son projet et la manière dont elle voulait l'incarner.

Et puis, thème qui m'est cher, le désir et la volonté de "ne pas être le second rôle de sa vie".

Epanouissement, ennui et carrière

Retrouvailles avec une de mes vieilles copines, témoin de mon passé de banquière et de souvenirs heureux. D'une exquise réserve, elle me raconte quelques évènements, grands et petits, de sa vie actuelle. J'en ai retenu deux.

Une nouvelle marquante : elle part s'installer au Canada pour deux ans à partir de septembre. Sa boîte ne peut pas lui offrir un poste. Cependant bien décidée à faire de cette expérience une opportunité, y compris sur le plan professionnel, elle a proposé à sa hiérarchie d'étudier la possibilité d'une mission d'étude, d'un projet, exploitable à son retour. " J'ai été naïve, je n'ai même pas suscité un intérêt poli. L'idée manifestement était hors de leur quotidien et probablement donc sans importance aucune. Pourtant on nous parle de développement des talents...J'ai observé que mon boss prendrait bien une année sabbatique pour faire enfin ce qui l'intérêsse."

Un séminaire auquel elle a participé récemment, au cours duquel elle a expérimenté un exercice surprenant de team building. Il s'agissait de faire un film." Au début, on s'est tous demandé ce qu'on faisait là et puis on s'est pris au jeu et cela a été une expérience géniale. Comme quoi, nous avons tous des réserves insoupçonnées de créativité. Mais qui s'en soucie réellement?"

Sur le chemin du retour, je croise deux copines, également du passé, qui me sautent au cou et me demandent ce que je deviens. Un peu embarrassée, je réponds que j'ai fait beaucoup de choses mais que ce serait long à raconter. Réponse : "tu en as de la chance d'avoir fait des choses, nous sommes  toujours coincées "là" !

Outre la perception d'un ennui insidieux, j'ai été frappé par la sensation d'un gachis formidable. Des gens talentueux qui ont consacré beaucoup de leur vie, leur temps, leur énergie, bien sûr à leurs carrières, mais également aux entreprises qui les emploient,  et qui sombrent dans l'ennui. Ils ont des postes prenants mais qui ne les passionnent pas. A l'ère du "big is beautiful", noyés dans des hiérarchies tentaculaires, ils ne se sentent aucune perspective ni à l'extérieur, pour cause de marché du travail en perdition, ni à l'intérieur, un carcan, en ayant en tête qu'à la cinquantaine, ils peuvent être virés du jour au lendemain. Les DRH privilégient les process et les graphes (courbe des âges, rémunérations etc.), et avec parfois quelques 200000 salariés dans le monde,  l'équivalent de la ville de Rennes, et 60000 en France, population de Cannes ou la Seyne sur mer, elles ont fait le choix de suivre les hauts potentiels, vivier de futurs dirigeants.

Je suis d'un naturel optimiste, sinon je ne serai pas coach..

Le concept de l'épanouissement des salariés au travail est bien dans l'air. Néanmoins entre un concept et la réalité, le chemin peut être long. Très pragmatiquement, je pense que si le terme de DRH signifait d'avantage "relations" que "ressources", un pas serait franchi.

 

Eloge de la courtoisie

Je n'ai pas écrit depuis quelques jours, problème de modem, parait-il. J'ai été assez peu courtoise à cette occasion, et ce sera le sujet du jour.

Une carrière se construit de grandes stratégies mais aussi de petites, qui aident à composer avec le quotidien. Dont la courtoisie...qui ne se limite pas à dire bonjour, au revoir, merci et tenir la porte, ce qui n'est déjà pas si mal, mais revêt bien d'autres aspects. Eteindre son portable, écouter ses interlocuteurs sans les interrompre, éviter un ton cassant avec ses collaborateurs ou tout autre, s'appliquer à écrire des notes et mémos dans une langue compréhensible pour ses lecteurs, être ponctuel, avoir un bureau à peu près rangé par égard pour ses visiteurs et son entourage, etc.

Bref un comportement qui témoigne de l'attention à son environnement tout entier.

La courtoisie n'est pas réservée uniquement aux relations avec la hiérarchie ou ses semblables et elle n'est pas non plus, uniquement, l'apanage des "petits".

Outre une note de douceur et d'élégance apportées au quotidien, elle est aussi la compagne indispensable de tout bon manager. Vous y gagnerez certainement l'estime de votre entourage et la vôtre sûrement. A tout prendre, il vaut mieux laisser  une image  de courtoisie, personne n'y trouvera à redire, plutôt que passer pour un odieux personnage, aussi compétent soit-il. Et vous n'y passerez pas plus de temps.

A me relire, je me dis que, moi aussi, j'ai quelques efforts à faire en matière de courtoisie !