La saison 2 de mes tribulations s’est ouverte sur un rendez-vous dont j’attendais beaucoup, notamment des idées pour reprendre un manuscrit qui rongeait son frein au fin fond d’un placard. Cet entretien, à part me délester de quelques centaines d’euros, m’a laissée étrangement sur ma faim. Il m’est alors revenu un nom dont l’ouvrage « Libérez votre créativité » est la bible des artistes du monde entier. Je t’en laisse la découverte.
Tout le monde connaît Julia, au moins de nom. Elle et moi n’avons pas été présentées et ne le serons vraisemblablement jamais. Qui est Julia ? Julia Cameron, épouse très éphémère du réalisateur américain Martin Scorsese. Ce n’est pas cet épisode de sa vie qui l’a rendue célèbre mais un livre intitulé « Libérez votre créativité ». Que ce mot chantonne agréablement à mes oreilles ! Prix de l’opus : 6,80 euros. À ce tarif-là, mon risque est très limité.
Julia propose une démarche à suivre pendant 12 semaines. Le but : virer tous nos freins, toutes nos inhibitions qui plombent notre créativité en récupérant l’enfant artiste qui dort en nous. Un chemin d’authenticité en quelque sorte. Son programme comporte des exercices différents à réaliser chaque semaine selon une progression assez chiadée.
Deux sont récurrents.
Le premier, qu’elle nomme les « Morning pages », consiste en trois pages obligatoires à rédiger tous les matins sans exception. On écrit ce qui nous traverse l’esprit au moment où on est face au papier, sans contraintes, préjugés, limites. Si rien n’émerge, elle conseille simplement de se contenter d’aligner « je n’ai rien à dire » ou « ça m’ennuie ». Le principe est de s’exécuter quoi qu’il arrive.
Par le deuxième, on s’efforce de restituer à la vie ce fameux enfant artiste caché en nous. De quelle manière ? En libérant, une heure ou plus, toutes les semaines, sorte de rendez-vous avec soi, afin d’élargir la vision que l’on porte sur le monde. L’idée est de rompre avec des comportements très stéréotypés que l’on s’autorise habituellement quand on dispose d’un moment unique pour soi. Il n’est pas question de shopping avec une copine, de se plonger devant Netflix, mais de se balader, de traîner au musée ; dans une librairie ; dans la rue ; n’importe où ; sans justification autre que de faire plaisir à notre enfant intérieur.
J’y vais à FOND. En vérité, je triche un peu en me procurant un cahier petit format pour mes pages du matin et je cale à la 11ème semaine, ce qui malgré tout reste un exploit.
Qu’en retirer ? Génial ! Hormis quelques trucs difficiles à réaliser, genre cueillir des fleurs dans la nature en plein hiver ou trouver des galets à mettre dans ses poches, j’ai suivi scrupuleusement ses propositions, même celle de m’interdire de lire pendant une semaine, livres et presse comprise, ce qui tient du morceau de bravoure. J’ai découpé des photos dans un magazine que j’ai collées sur du papier Canson, à la grande joie de ma fille. J’ai obéi à l’injonction de me vêtir chic au lieu d’enfiler ma sempiternelle paire de jeans.
J’ai joué le jeu. Qu’ai-je découvert ? Le miracle de l’écriture, ses bienfaits et son effet thérapeutique.
Beaucoup de gens tiennent des carnets de bord ou des journaux intimes, parce qu’écrire sans aucun cadre précis libère. La feuille blanche n’émet aucun signal, elle ne réagit pas aux gros mots, aux fautes d’orthographe, ne donne pas de consignes, ne juge pas du contenu. Les pleurs, les rires, les cris la laissent de marbre. Les possibilités qu’elle offre sont infinies. Au fil du temps, ces pages deviennent des copines que l’on retrouve tous les jours. D’ailleurs, il n’est pas rare de démarrer le matin avec un « Salut les filles, comment ça va ?». Quand les mots ne viennent pas, on les engueule. On converse avec elles, on leur raconte des évènements, on demande un avis, bref on leur fait partager notre quotidien. Sans qu’elles y trouvent à redire. Le rêve !
L’écriture est aussi un miroir qui nous reflète. Les mots choisis le sont avec nos émotions et notre humeur. Ils décrivent les actions de la journée, les rendez-vous, les rencontres, les vêtements que l’on porte, les copains qui viennent dîner, les recettes de cuisine, les notes des enfants à l’école, les choses qui nous turlupinent. Ils expriment nos pensées les plus profondes comme les détails les plus anodins. Ils sont joyeux de notre joie du moment, tristes de notre tristesse, coléreux si la colère nous étreint. Ils sont bloqués de nos blocages. L’écrit est le psy le plus efficace et le moins cher du marché.
Des idées nouvelles fusent comme autant de trucs qui ne nous auraient jamais effleurés. Évidemment, ma réflexion sur la thématique de l’argent s’affine. J’appréhende un angle complètement différent à la fois en adaptant mes connaissances financières et de coaching et en me référant à mes lectures d’enfant : les contes de fées, les récits d’aventures à propos de trésors cachés. Tout un aspect décalé naît ainsi qui colore de légèreté un sujet très raisonnable.
Hélène de Montaigu
"Pour qui je me prends? ou les tribulations d’un apprenti auteur"
Suite au prochain numéro avec des fées qui se sont penchées sur mon berceau.
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