Partagez - vous avec moi cette exaspération pour l'utilisation immodérée de la formule "c'est sympa"?
Un livre, un film, une tenue, des vacances, un tableau, un meuble, un job.., sont désignés sous l'adjectif générique de "sympa". Il y a quelques années, nous étions ensevelis sous la dénomination "c'est chouette". Les américains se réfugient derrière "it's great" ou "great" tout court accompagné du traditionnel sourire de circonstance.
Est-ce une manière élégante de mettre un terme à un échange, une manière polie de ne pas donner son point de vue, l'expression blasée d'un désintérêt total, "c'est sympa" en tant que solde de tout compte ?
Ou bien une forme de paresse intellectuelle qui consiste à ne pas choisir les mots qui conviennent pour définir un ressenti, une émotion, une réussite. A vouloir tout décrire par "sympa", on finit par ne plus donner de sens à rien. Y compris à une conversation qui s'ébauche et qui s'échouera sur le rocher du "sympa". Autant dialoguer sur Facebook.
De l'origine du mot qui traduit l'affinité, l'amabilité, la cordialité, s'acheminerait-on vers "l'indifférence" qui est exactement son contraire ?
Relire Stendhal ou Victor Hugo comme remède à cette nouvelle pathologie?
Et bien pourquoi pas ? Retrouver le sens des mots au travers du plaisir de lire, "c'est sympa", non ?