Comme beaucoup de mes éminents concitoyens, je me suis propulsée pour voir "Les petits mouchoirs" de Guillaume (Canet) avec François (Cluzet) et Jean (Dujardin) et bien d'autres encore. J'aime beaucoup le genre "choral" au cinéma. Il n'y a ni premier, ni second rôle mais plutôt une "équipe" d'acteurs dont le metteur en scène valorise à la fois les individualités et leur résultante pour servir le scénario. Avec forcément une part accordée à l'improvisation comme témoignage de la relation de confiance entre le réalisateur et ses acteurs. Pour moi un des maîtres incontestés en la matière, et du film choral, et de l'improvisation, était Robert Altman. La scène de l'après-diner dans "Gosford Park " où Jeremy Northam chante au piano, est une scène d'anthologie.
Guillaume a aussi beaucoup de talent...
Certains réalisateurs ont aussi cette capacité de révéler des coins inexploités de la palette de jeu d'un acteur. Dans le film de Canet, il y a en particulier un comédien (et je m'en voudrais de citer son nom) que jusqu'à présent j'avais rangé dans la catégorie "sans plus" et qui est très convaincant.
Et tout ce délire pour quoi ? Pour faire le lien avec le management.
La liaison "mise en scène et management" peut paraître dangereuse. Pourtant je n'y vois pas une grande différence, à part bien sûr qu'un manager ou responsable d'équipes dans une banque, pour ne citer que cet exemple, ne s'imagine nullement derrière une caméra. Néanmoins son rôle consiste bien à faciliter la cohérence de son équipe, "ses acteurs", non pour mettre en valeur un scénario mais pour atteindre des objectifs communs. Il doit aussi valoriser les individualités et favoriser le développement de leurs talents en acceptant de leur déléguer une part d'improvisation. Pour faire court.
Le management pourrait-il donc à l'instar de la mise en scène être considéré comme un art ? Je ne sais pas. La littérature sur ce sujet est prolifique ce qui témoigne en tous les cas de son importance et donc de son inépuisabilité. Je remarque que le style et même le contenu, souvent incompréhensible, desdits ouvrages les classeraient facilement dans la catégorie des pensums. Le management serait-il donc une corvée ?
Mon esprit rebelle répond oui. Bien sûr il y a de bons managers. La raison, pour laquelle beaucoup prennent des responsabilités de direction d'équipes, est que le management demeure le socle indispensable de toute bonne carrière. Beaucoup s'y engouffrent donc, et parfois sans talent ni appétence. Avec le confort qu'ils seront très rarement jugés sur la qualité de leur gestion humaine.
Pour conclure sur une petite note "fraîche", j'ose leur suggérer, entre autres, d'avoir la courtoisie de remercier leurs collaborateurs quand ces derniers se sont vraiment défoncés et de les apprécier pour ce qu'ils font bien, avant de leur dire qu'ils ne mettent pas les "s" au pluriel.