Ne soyez pas le second rôle de votre vie

Sage comme une image

L'image comme une mise en scène de soi.

L'idée m'en est venue en regardant les photos réalisées par une photographe professionnelle qui fait d'elle-même le thème essentiel de son travail.  Elle organise sa propre mise en scène. Pour contrôler l'impression qu'elle veut laisser au "spectateur" de ses photos.

Dans l'image de soi, il y a trois éléments qui vont se mélanger : soi,  l'impression que l'on cherche à laisser pour servir un troisième élément qui en est l' enjeu.

Pour la photographe qui sert ma prose,  il s'agit de capter  l'oeil averti (ou blasé?)  de galéristes.  Et leur proposer l'impression qui les convaincra d'exposer ses photos.

La mise en scène de soi s'applique à ce que je pourrais appeler votre image posée.  Que vous allez valoriser ou travailler au mieux pour susciter l'impression que vous voulez laisser. Pour convaincre un recruteur que vous êtes le bon candidat. Sans savoir ce que votre interlocuteur va capter de vous.  Son  jugement premier se forgera sur votre apparence  : les couleurs que vous portez, la manière dont vous êtes habillé et sur les débuts de l'entretien. Evidemment vous n'allez pas dans un entretien d'embauche en jeans troués et tongs, vous ne machouillez pas de chewing gum,  mais pour autant le costume gris que vous portez ce jour-là ou la veste rose que vous avez mis trois heures à choisir peuvent agacer votre interlocuteur.  Surtout si c'est son quatrième entretien de la matinée où il n'a vu que des costumes gris ou des vestes roses, couleur qu'il exècre!

Votre vraie image est votre image instantanée, comme une photo de vous prise sur le vif où justement vous ne posiez pas et vous ne cherchiez pas à vous contrôler. C'est votre vérité. A la fois ce qui émane de vous, ce que vous incarnez. Ce que vous laissez échapper de vous.  Cet instantané  peut soutenir la pose que vous avez mise en scène ou la détruire totalement.  Et c'est justement ce qui intéresse votre interlocuteur.

Il n'est pas toujours facile d'être sage comme une image.

 

 

Un peu de fraîcheur dans un monde de brutes

Mon comité de lecture m'a fait savoir que le ton de ma dernière note était peut-être un peu trop sérieux. La cigale ou la carotte mangeant un lapin les faisaient d'avantage vibrer, encore que le titre "hope and glory" leur convenait. Ce week end, tout en faisant réciter à ma fille sa poésie où il était question de trois escargots s'en allant à l'école cartable au dos, je suis décidemment incorrigible, j'ai réfléchi...

J'écris sur des choses sérieuses. La vie professionnelle et son cortège de thèmes récurrents : la réussite, la carrière, la motivation, la légitimité, les choix à faire et les objectifs, c'est du sérieux.  Je constate que la littérature qui y est consacrée est souvent austère.  Un blog n'étant pas un livre mais un journal de bord ou une chronique, j'ai toute liberté de traiter le sujet avec ma vision très personnelle.

Après tout le coaching fait appel à votre créativité. Pour élargir vos perspectives et donc modifier vos modes de pensée, il faut provoquer une étincelle. Si vous imaginer en Alice au pays des merveilles fait naître en vous des idées nouvelles qui vous feront avancer. Tant mieux. Vous n'êtes pas obligée de le crier sur tous les toîts. Et vous autoriser ce rêve ne signifie pas que vous irez bosser déguisée en Alice, le chapelier fou à votre bras !

Le monde où nous sommes est un monde dur. Il n'est question que de performance, résultats, profits, cours de bourse. Les gens sont perdus dans des organigrammes tentaculaires où parfois ils ont du mal à percevoir leur utilité. Un peu de fraîcheur ne nuit pas à l'appréhension de votre propre parcours dans cet environnement.

Si la lecture de mes " variations pour le coaching", fait naître un petit sourire en vous, suscite un zeste de réflexion, peut-être même de rébellion, et vous fait penser qu'à tout prendre, vous avez beaucoup de talents. Et bien, j'aurais gagné ma journée.

 

Un zeste de rébellion

Nous sommes le 29 avril, ma dernière note date du 19 avril dernier, horreur ! Je constate qu'avec les premiers beaux jours, le pollen endort le fonctionnement de mes cellules grises. Néanmoins il aura suffi de quelques réactions de certains de mes copains autour de mon blog pour me remettre à ma plume. L'un pense que je suis trop classique et l'autre que je ne vais pas assez loin.

Je me lâche...

Dans ce monde si conformiste,

oser s'imaginer en Alice au pays des merveilles terrassant un dragon;

voir une carotte manger un lapin sans craindre le ridicule;

ne pas mettre les "s" au pluriel sans complexe;

se sentir "roi" en toute légitimité;

et finalement, devenir le premier rôle de sa vie,

nécessite une bonne dose de liberté d'esprit à laquelle s'ajoute un zeste indispensable de rébellion !

 

La carotte mange le lapin

C'est une histoire de première année d'école primaire. Imaginez une classe de bambins entre 6 et 7 ans à qui l'on propose un exercice de compréhension. Il s'agit de barrer les phrases dont le sens leur paraît improbable. Ces chères têtes blondes s'appliquent.  "La carotte mange le lapin". Une petite fille  trouve rigolo l'idée d'une grosse carotte grignotant un lapin et au grand dam de ses copains de classe qui lui lancent des regards courroucés, elle ne barre pas la proposition.

Cette réaction fraîche qui témoigne d'une liberté d'esprit m'a fait rêver, nous qui évoluons dans une société et des organisations codifiées, procédurières, réglementées voire uniformisée. Ce qui se fait ou non (et ça change!), ce qui se dit ou non, le livre qu'il faut avoir lu, le film qu'il faut avoir vu ou se garder de voir. Le restaurant où il faut aller, pour contempler dans son assiette trois blancs de poireaux qui se battent en duel. Même la mode, qui devrait être le temple de la fantaisie et l'expression du plaisir, est le règne des "it bag", "it shoes", ou autres "must have". Et même les vacances ne sont pas épargnées. Je vous rapporte une conversation récente que j'ai eu avec un copain qui me parlait des siennes entre Ibiza, Saint-Tropez et Mykonos. A la question "où passes-tu tes vacances", je répond : "dans les Corbières", "où-est-ce?", "près de Narbonne". "Tu passes tes vacances à Narbonne!", me dit-il, interloqué.  Je pense qu'il ne s'en est pas remis.

La liberté d'esprit, un autre Prozac?

Etre libre d'esprit, c'est aussi s'autoriser à être soi-même. J'ose énoncer que si on se donne cette permission, on la donne aux autres et on admet leur différence. Cela valorise les relations humaines. On ne craint plus le débat, la contradiction, l'échange. On s'enrichit beaucoup plus de la relation à l'autre, qui devient porteuse d'opportunités. C'est vrai dans les relations professionnelles comme dans la vie courante. 

Et vous que préférez-vous: "le lapin mange la carotte" ou "la carotte mange le lapin"?