Ne soyez pas le second rôle de votre vie

Me, I and myself

Avez vous ressenti cette impression bizarre que finalement tout bien considéré, ce qui jusque là a fait le bonheur de vos jours professionnels ne vous convient plus et que vous jouez un peu, beaucoup, passionnément le second rôle de votre vie?

Evidemment vous n'avez aucune idée de la solution à cet état d'esprit mais  vous avez franchi un premier pas. 

Celui de "me, i and myself".

Celui qui vous conduira inexorablement pour peu que vous suiviez vos intuitions à  vous replacer au centre de vos choix professionnels voire de votre vie tout court. 

Imaginez. Fraîchement diplomé, vous vous êtes jeté dans la vie active avec toute l'ardeur de votre jeunesse. Vous avez accepté un premier job qui peu ou prou était en ligne avec vos études. Vous vous êtes senti installé. Puis la vie s'est déroulée. Au fil des jobs, des promotions, des mobilités, des hauts, des bas. Vous avez été conduit à faire des choix qui a priori vous convenaient.Vous avez pris du galon. L'impression est globalement bonne. Vous n'avez aucune raison de ne pas être satisfait. 

Et puis soudain un évènement provoque un déclic en vous : la quarantaine, un échec, une transition professionnelle, une réorganisation stratégique de votre entreprise, un problême de santé... Et vous allez porter un autre regard sur ce temps écoulé.

Peut-être allez-vous penser que vous n'avez pas fait de vrais choix, que vous vous êtes laissé porter, que vous n'avez pas osé donner suite à des opportunités par peur, par flemme, par manque de temps. Vous avez pris des coups et vous vous sentez un peu cabossé. Jusque là vous n'y pensiez pas. Vous avez des regrets. Tout simplement vous découvrez que vous en avez marre.

Et brusquement  une envie d'authenticité jaillit en vous. Pour réconcilier d'avantage ce que vous êtes avec ce que vous pourriez faire.  Pour vous prendre en mains . Pour être le rôle moteur de votre vie.

Ne vous énervez pas. C'est légitime. Comme dit ma fille de 8 ans : "j'y ai droit" et vous aussi. 

Evidemment vous savez ce que vous laissez mais vous ne savez peut-être pas où aller. Enfin pas tout de suite. Tout au plus vous avez une idée de ce dont vous ne voulez plus. Ce qui est déjà un bon début. 

Vous avez des ressources, celles dont vous êtes conscient et toutes celles insoupçonnées que vous allez découvrir. 

Et puis à l'horizon, il y a bien quelque chose qui vous plairait...

Posez vous quelques questions :  où,  quand, comment et pourquoi. Et le fil va se dérouler.

Gardez bien dans un coin de votre tête que si vous êtes votre meilleur ami , vous êtes aussi  votre meilleur ennemi.

 

 

 

 

La pensée mène à la désobéissance

Je suis un peu en retard sur mes notes mais JE BOSSE! Et non seulement je bosse mais j'écris beaucoup, ailleurs que dans mon blog donc moins dans mon blog. Excuse me!

Vendredi dernier, jour du poisson d'avril, je retrouvais une de mes vieilles copines de boulot, quand j'étais banquière, dans une brasserie  place de Clichy pour évoquer tout ce qu'on n'avait pas vécu ensemble. Et ça a dépoté!

Jolie silhouette, sourire ravageur et humour décapant, ma collègue des bons et mauvais jours me racontait sa vie "hors de moi"  et pour cause : il y avait longtemps que j'avais compris que se tirer était une nécessité. Après ce que j'ai entendu, je me suis dit qu'il aurait fallu lui décerner la médaille de la fidélité à des employeurs dont les préoccupations étaient, au minimum, divergentes.

Pensez donc! Et vous n'avez pas fini de conjuguer ce verbe à tous les temps et tous les modes. Dans ces organigrammes tentaculaires, écrasés par une hiérarchie genre potentat qui fait penser à l'empereur de Chine dans ses meilleurs jours, elle s'est un peu  laissée aller et pourtant nous n'avons bu que de l'eau.

Au jour de son départ après quelques vingt et quelques années de sa jeunesse, son énergie, son enthousiasme à contribuer au résultat de son entreprise favorite, elle est allée saluer quelques dirigeants de sa connaissance. Que n'a-t-elle entendue? Au fond tout ce monde "besogneux"  aux yeux des têtes d'organigramme est parfaitement interchangeable et plus encore, accrochez vous, il est impératif de ne pas lui laisser la possibilité de penser car c'est le début de la désobéissance!

Non mais..

Alors en clair, s'il vous plaît, pensez ! La désobéissance passive est la clé du début de la liberté d'esprit.

Condition essentielle pour ne pas rester le second rôle de votre vie.

Un peu ébranlée, je suis allée faire un tour au Grand Palais où il était question de repousser les limites de l'art. Bien que mes talents artistiques soient limités, j'ai constaté que l'éventail était large. Néanmoins ça m'a regonflé. L'art comme antidépresseur, concurrent direct du prozac...

Une réflexion s'impose.

L'Ermitage de Chasse-Spleen 1994

Conversation au coin du feu avec un de mes vieux copains. Qui m'avoue, presque en rougissant, qu'il lit mon blog. C'était la bonne nouvelle du soir. Bien sûr, nous évoquons les sujets sur lesquels j'écris et, en particulier, le sujet des femmes au travail. Je le sentais disposé à me faire quelques confidences et je l'ai laissé parler, ravie d'avoir enfin un point de vue masculin. 

"  Au cours de ma carrière, passée dans un grand groupe,  je n'ai jamais vu opposer à une femme, réputée bonne voire excellente, le fait qu'elle soit une femme. Il n'y a ni réussite au féminin ni réussite au masculin, il y a la réussite tout court.

 La question qui conditionne leur avenir est souvent le retour de congé maternité. Là il y a deux voies possibles.

Soit la maternité reste du domaine privé, indépendant du domaine professionnel,  et n'interfère nullement dans leur comportement au bureau. La carrière des femmes, qui font passer ce message, continuera à évoluer en proportion de leurs compétences.

 Soit le privé prend le pas sur le professionnel de manière consciente ou inconsciente, genre le congé pour la rougeole du petit, et assez vite elles apparaissent moins disponibles. Elles restent appréciées mais elles se font distancer au fil du temps. Dans des cas de mobilité, entre deux niveaux équivalents de compétences, effectivement on pourra leur préférer un homme. Elles risquent au bout de quelques années de ressentir  de la frustration."

Je n'ai pas particulièrement de commentaires à faire, une fois n'est pas coutume. Je remercie François pour son avis clair,  honnête et dynamique.

Il faut dire aussi que  nous avons accompagné nos propos  d'une excellente bouteille  de vin, un Ermitage de Chasse-Spleen. L'ambiance était donc joyeuse. Ce qui m'a rappelé que j' attends depuis quelques mois d'avoir un autre avis masculin, sur l'ambition cette fois.  C'est aussi un  copain, dirigeant d'une grande banque,  et il fait sa chochotte.  Ma stratégie d'approche est probablement à revoir.  Je vais lui proposer un foie gras mi-cuit arrosé de Sauternes.

C'est de saison.

Et il devrait se sentir un peu plus motivé.

 

hope and glory

Entendu cette réflexion d'une mère angoissée à propos du premier job de son fils : " mon fils vient d'avoir son diplôme. Il cherche un job. Il veut gagner de l'argent pour avoir le niveau de vie auquel il aspire. En même temps, il veut un travail intéressant dans lequel il puisse s'épanouir".

A travers les mots, il y avait l'expression comme d'un rêve inaccessible. Y-a-t-il une antinomie totale entre argent et intérêt d'un travail ou bien l'épanouissement n'est'-il qu'un équilibre précaire entre ces deux données ? Ce sujet domine toute l'évolution d'une carrière. Souvenez vous : le dernier job que vous avez quitté, était-ce parce que vous vous estimiez insuffisamment payé ou bien parce que vous étiez assommé d'ennui ?

Basiquement, pour n'importe quel travail, vous échangez vos compétences, vos talents, votre formation, votre expertise contre une rémunération qui les valorise selon un certain nombre de critères plus ou moins objectifs. Nous sommes dans un monde économique et le but final de l'entreprise qui vous emploie est de réaliser un profit. Ce n'est pas une association d'entraide et ce qui l'intéresse en premier lieu est votre performance et votre capacité à contribuer à son résultat. Les perspectives de carrière (et donc de salaire)qu'elle vous propose sont à la mesure de votre potentiel de contribution à sa rentabilité. Votre épanouissement l'intéresse, peu ou prou, mais essentiellement dans la mesure où plus vous êtes épanoui plus vous être "profitable".

Pour vous aussi, ce sont des raisons économique qui vous inscrivent dans ce schéma. Il s'agit de gagner votre vie. Dans la mesure où vous passez beaucoup de temps à votre travail, pour lequel vous consacrez beaucoup d'énergie, vous souhaitez de façon légitime y trouver un certain  épanouissement. Et le bénéfice  sera pour vous parce que plus vous vous sentirez bien et mieux ça marchera pour votre carrière.

Le sujet fondamental est d'être clair avec vous-même. L'argent comme le travail ne sont pas des éléments de votre identité. Vous n'êtes pas l'argent que vous gagnez ni le job que vous faites.  Au travers  de votre activité professionnelle, que cherchez vous ? Pour vous.  La sécurité, l'estime de vous, la reconnaissance, l'utilité de votre mission, l'éthique, un statut, une position, l'équilibre entre votre vie privée et votre vie professionnelle. Et pour cela, qu'êtes vous prêt à faire ou non?

Quand votre satisfaction a dernièrement pris du plomb dans l'aile, en toute honnêteté, était-ce parce qu' une de ces valeurs n' était pas respectée ou bien que votre entourage ne vous envoie plus une image valorisante,  ou bien encore qu'à la comparaison avec un référent, le marché, vos copains de promo ou que sais-je, brusquement vous vous êtes demandé si vous n'étiez pas un looser complet ?

Je ne voudrais pas que mon propos, un peu trivial certes, vous flanque le bourdon. Au travers de ce que j'écris, j'essaie simplement de vous inspirer une réflexion. Quand je mets en avant l'idée de ne pas être le second rôle de votre vie, je ne vous pousse pas à rechercher les sunlights de la gloire, encore que si c'est votre voeu, allez-y. Je manifeste simplement l'espoir que vous preniez vos décisions, que vous fassiez vos propres choix, pour réaliser les buts que vous vous serez fixés.

Si cela vous semble compliqué, prenez un coach.

Les cigales ne génèrent pas la mélancolie

Le principal sujet de conversation entre juin et septembre est fourni bien sûr par les vacances.  Il y a "l'avant" où il est de bon ton de demander quand et où. Je n'y échappe pas puisque pas plus tard qu'hier je me suis intéressée aux vacances de mon banquier. Il y a l'après où il est de bon ton d'utiliser l'adjectif "réussies" pour les qualifier. C'est souvent une affaire d'image de marque. Il est hors de question d'avouer un désastre et les 15 jours passés chez belle-maman seront a priori prudemment passés sous silence. Sauf si c'est à Saint-Tropez.

La clé de la réussite des vacances? Tous les goûts sont dans la nature : chaise longue et pile de bouquins, bricolage, cuisine ( et régime à la rentrée), boîtes de nuit à Ibiza, golf, contrées lointaines avec Guide Bleu en poche etc.

En ce concerne l'organisation de mes vacances, j'ai décidé une fois pour toute de ne pas me prendre le chou, partant du principe que me prendre la tête en gâcherait l'idée avant même d'y être. Je reste très prudente sur l'endroit que j'ai élu, quelques  réactions étonnées accompagnées de légers haussements de sourcils m'ayant dissuadés d'en faire état.

Je coupe mon téléphone portable et je vais me perdre avec bonheur en pleine nature, dans l'immensité des vignes coincées entre Montagne noire et Pyrénées. Le site est sublime, c'est une invitation au rêve. Et je laisse  vagabonder mon imagination sans complexe en écoutant les cigales chanter.  Beauté, paix et sérénité. C'est ma clé.

Le retour au monde, même temporaire, est parfois un peu dur. J 'avais une course à faire à Narbonne dans un genre Séphora. Le tympan vrillé par une musique de David Guetta, j'ai érré désorientée dans le magasin avant de découvrir que ce que je cherchais était sous mon nez. Et de retour de vacances, j'ouvre mon ordinateur. 890 messages, j'ai failli  m'évanouir.

La prochaine fois, je penserai aux cigales.

J'ose formuler un voeu. J'aimerais bien ajouter à la contemplation des vignes, un petit quelque chose de très inhabituel. Un séminaire pour apprendre les tarots avec ma copine Laurence Rabatel. Quand elle aura décidé de ne plus aller à Las Vegas.

Je ne lui en ai pas encore parlé.

Guerrière ou magicienne, une suite intéressante

J'ai reçu un long commentaire à propos de ma dernière note "guerrrière ou magicienne" que je trouve très intéressant et que je reproduis in extenso.

" bien ton papier, cela m'a plu...et je te suis pas mal ds ton cheminement de pensée quelques réflexions du métro ce matin 8h: ( j'ecris bcp moins bien que toi....)

je pense qu'avant tout, l'important pour une femme est de se sentir bien dans sa peau de femme ( et donc ne pas être martyr...comme tu dis )...quelques soient les choix...

ça veut dire quoi réussir ? aux yeux de qui ? et je pense qu'il faut que cela soit d'abord par rapport à soi même; qu'est qu'on s'en contre fiche de ce que les autres pensent si encore une fois on est bien dans ses baskets je crois que la femme est de toutes les façons tiraillée en permanence, entre sa maison, son mari, ses enfants, son boulot; c'est comme ça et d'ailleurs on est batie suffisamment résistantes pour endosser le tout..........beaucoup plus que nos hommes qui cloisonnent les tâches comme tu dis, quand ils sont au boulot, ils sont au boulot et pas ailleurs...

je crois qu'il est de toute les façons difficile que deux personnes  d'un couple mènent de front une carrière professionnelle; quid des enfants petits ( qd je vois avec quelle jouissance Raph se blottit ds mes bras au sortir de son lit...et si je ne suis pas là ?? ) l lorsqu'il y a des réus, des voyages, des séminaires, des....j'en passe...

de plus, mais c'est très personnel, l'expérience me montre qu'il n'y a pas grand chose à attendre des entreprises comme reconnaissance, sauf à construire soi même son propre épanouissement...on sait à quel point les entreprises savent nous utiliser et nous jeter avec la même facilité.

donc donnons à l'entreprise de notre temps et de notre matière grise pour avant tout notre propre bien être de telle façon que cela permettre de construire notre équilibre et notre épanouissement...

On fait du travail des femmes un combat et chaque entreprise met en place, pour le bonheur des syndicats, des plans d'aménagement du temps de travail, mais on sait pertinemment que lorsque les femmes ont atteint des hauts niveaux de responsabilité, on peut leur refuser ce travail à temps partiel et le considérer comme un handicap....et le fameux jour de temps partiel se transforme en une journée accrochée à son téléphone avec le bureau....

les mentalités évoluent un peu et à l'école de Raph il y avait aussi des papas à la dernière matinée " expérience"; le chomage fait aussi pour rendre de la disponibilité à ceux qui n'en avait pas...ils découvrent ainsi autre chose et redécouvrent une certaine complicité avec leurs enfants...

je ne sait pas si le troisième millénaire sera féminin...j'espère pas, car on a besoin d'un certain équilibre...et de toutes les façons je suis persuadée que les femmes ont déjà largement le pouvoir ( d'influence, parce qu'elles ont des talents )...dans bcp de domaines..."

Je me suis sentie rassurée en recevant ce commentaire, au moins mes réflexions recoivent un écho favorable, non pas que je me sente forcément dans le vrai mais je ne me sens  pas dans le désert.

Ces lignes illustrent à merveille le réalisme ou pragmatisme des femmes qui n'imaginent rien de plus que ce qui existe déjà et qui ne s'en laissent pas conter.  Travail et vie personnelle rentrent dans un projet de vie global destiné à assurer une certaine forme de bien-être et d'épanouissement.

Alors finalement, magicienne?

 

Guerrière ou magicienne?

J'entends, telle est une rumeur persistante, l'incantation destinée aux femmes de "s'autoriser à réussir". Ce qui me laisse perplexe, je l'avoue. J'ai cotoyé et je continue à cotoyer beaucoup de femmes qui réussissent, elles ne sont pas toutes membres de conseils d'administration, certes, mais elles conduisent de très honorables carrières. Quand je lis que certains rapports préconisent des accompagnements spécifiques pour les femmes dans les entreprises, je me demande avec inquiétude si on ne va pas rouvrir les polytechniques féminines ou autres HEC JF. Une femme ne peut-elle pas être un homme comme tout le monde? Je m'égare...

Cette préoccupation est liée au rôle qu'une femme s'attribue dans la société. Ce rôle  trouve sa source dans l'idéal féminin tel qu'il est véhiculé dans l'éducation que l'on reçoit, les traditions familiales et religieuses et bien sûr non seulement dans ce qui est dit mais plus sûrement encore, dans le non-dit. S'autoriser à réussir c'est trouver une légitimité à son désir de réussite professionnelle voire transgresser une forme de culpabilité, pour affirmer un projet de vie plus large que celui d'avoir des bébés. Avec à la clé l'équilibre intérieur délicat entre la femme et la mère.

La société est plus respectueuse du rôle professionnel de l'homme. Un homme qui bosse est "un homme", une fois la porte du bureau franchie, son rôle de "père" reste à la maison et  on ne le dérange pas pour des question familiales.  Pour une femme, c'est plus compliqué de n'être qu' "une femme" au travail. Quand votre chère petite tête blonde est malade, la directrice de l'école appelle maman et si maman ne répond pas, alors elle appelle papa. Il n'est pas rare dans la journée d'avoir à régler des questions de judo, vacances,  livres à acheter, d'horaires et que sais-je encore. C'est la raison pour laquelle certains employeurs estiment que les femmes ne peuvent être dédiées à leur job à 100%. Autre difficulté.

Néanmoins, il y a de l'évolution dans l'air. A la dernière sortie de classe de ma fille, il y avait quatre pères parmi les accompagnants et tout le monde a trouvé ça sympa parce que certains avaient apporté du rosé !

Comme première piste de réflexion pour faciliter les choix à faire et les décisions à prendre, je pense qu'il faut être clair avec le sens que l'on donne à sa réussite professionnelle et sa motivation profonde. Cherchez-vous à satisfaire l'estime de vous, votre indépendance, votre sécurité financière, une position sociale, voulez-vous faire carrière, intégrer à terme un conseil d'administration ou non ? Une petite suggestion : il est inutile de jouer au martyr en sacrifiant toute ambition professionnelle, on ne vit pas de regret.

Une deuxième piste de réflexion m'a été offerte récemment par une femme qui a vécu longtemps en Amérique du Sud. Les sud- américains estiment que le troisième millénaire sera féminin, les femmes ne s'étant pas suffisamment mises en valeur. Le deuxième millénaire a été éminemment masculin et guerrier, marqué par la conquète du pouvoir et de l'argent. L'entrée dans les années 2000 devrait permettre aux femmes de se mettre d'avantage en lumière en valorisant leurs talents de clairvoyance, d''intuition, d'humanité, de compréhension et d'organisation.

Non, ce ne sont pas des histoires de "bonnes femmes" ni un prêchi-prêcha destiné à vanter les mérites du travail à temps partiel !

L'idée vaut la peine d'être méditée. Si s'autoriser à réussir était aussi s'autoriser à être une femme et oser valoriser son potentiel propre plutôt que se mesurer aux hommes, après tout qu'ont-ils de mieux que nous ?

Oser être moins guerrière et d'avantage magicienne ?

 

 

Stéphanie Will, et moi

Je rencontre Stéphanie Will régulièrement au cours des petits déjeuners "écriture" animés par Anna Piot et Christie Vanbremeersch. Aujourd'hui, le cadre est différent, nous sommes assises confortablement dans de profonds fauteuils, sirotant des cappucinos, glacé pour elle et chaud pour moi.

Sa réserve naturelle m'intriguait, je l'ai donc écouté me raconter son parcours et ma curiosité a été largement récompensée.

De longues années passées à arpenter cafétarias et autres traiteurs en tant que serveuse ou "équipier polyvalent", payée au smic, la reprise d'études qui lui permettent d'acquérir une spécialité dans la création et la stratégie de communication de site web et lui ouvrent les portes de boîtes de communication. Ce sera une succession de CDD à travailler sur des sujets certes passionnants mais payés au lance pierre pour des horaires démentiels. Le mot qui conclut cette expérience : l'autonomie. "Ces années m'ont permis de travailler sur de beaux projets, j'ai acquis une expertise indéniable que je pouvais valoriser et surtout j'ai compris que je voulais travailler en indépendante".

L'opportunité lui est fournie par une grossesse. "Je me suis projetée dans le temps et j'ai réalisé que je ne voulais à aucun prix donner l'image d'une mère vivotant au smic à mon enfant. Il était primordial pour moi de me situer sur une trajectoire de réussite pour être à la fois un modèle et lui transmettre les valeurs auxquelles je crois. J'ai décidé d'aller jusqu'au bout de mes choix pour avoir une vraie fonction dans la société, la recherche de ma dignité me le commandait." 

Sa fille a quatre mois, Stéphanie se lance dans la mise en oeuvre de son idée : monter son business d'assistant personnel destiné à accompagner des chefs d'entreprise dans leur stratégie et opérations de communication.

Sa fille a trois ans aujourd'hui. La société de sa chère maman "Stéphanie Will et vous" est immatriculée depuis deux ans. Stéphanie semble satisfaite du chemin parcouru.

Il est difficile de résumer trois ans de vie en quelques coups de plume et il aurait fallu la journée pour en parler. C'est peu dire qu'il lui a fallu mobiliser toutes ses ressources d'énergie, d'endurance et de temps pour avancer vers le but fixé. Il y a eu certainement des dragons à terrasser, des freins à surmonter et des peurs à vaincre.

Et tous les ingrédients de la réussite étaient réunis.

Un imprévu qui devient opportunité,

une expérience, des compétences solides alliées à des talents de créativité et à un sens aiguë de la perfection,

une motivation "féroce" : la satisfaction de l'estime de soi avec à la clé un niveau de vie adéquat,

des objectifs précis et réalistes,

le tout dédié à une vision claire de son projet et la manière dont elle voulait l'incarner.

Et puis, thème qui m'est cher, le désir et la volonté de "ne pas être le second rôle de sa vie".

Courage, fuyons!

Confidences d'Olivier. Etudes supérieures prestigieuses, carrière brillante dans le monde de la finance, pour autant il n'a pas pris la grosse tête, le regard pétillant en témoigne. Il me raconte les quelques moments douloureux de ce parcours  absolument irréprochable. Ayant acquis une spécialisation bien précise, il a monté une boîte qu'il a ensuite revendue tout en choisissant d'y rester. Malheureusement entre lui et le nouvel actionnaire le conflit s'est tout de suite installé rendant leur collaboration très improbable.  Et il s'est accroché longtemps... " Au final, je ne comprends pas pourquoi je me suis obstiné. Ce que je peux  dire, c'est que  mon comportement a probablement été lié à une forme d'éducation. Au cours de mes études, on nous a répété à l'envie que nous étions les élites de la nation. En conséquence, on ne nous apprend pas  à nous remettre en cause. Dans la situation dans laquelle je me trouvais, j'ai eu tendance à m'obstiner en me disant que j'allais réussir sans jamais me demander pourquoi ça ne marchait pas. J'ai réalisé un peu tard que je n'avais d'autre choix que celui de partir. Ce que j'ai fait mais avec beaucoup d'amertume."

Scénario tellement classique aux conséquences parfois si pénibles. Pourquoi s'obstiner à vouloir franchir un obstacle insurmontable ? Par peur...de l'échec, de ne pas être à la hauteur, de se décevoir, de déplaire à son entourage ? Quant à se remettre en cause, c'est admettre à l'avance sa part de responsabilité, pas facile !

Néanmoins dans de telles circonstances, que faut-il faire ? Comment rompre le dilemne entre la "fuite" et "l'obstination" ? Ne vaut-il pas mieux prendre la décision courageuse d'arrêter un combat stérile plutôt qu'attendre d'être acculé à le faire, une fois au fond du trou ?

Osez vos choix

Votre carrière est le livre que vous écrivez, dont vous êtes le personnage principal et dont l'histoire est la vôtre. Gardez à l'esprit que vous êtes libre,  libre de vos choix et que la décision finale vous appartient. Ne mettez pas en péril cette liberté pour satisfaire votre entourage qui attend de vous une évolution professionnelle "conforme" à des codes, à vos études supérieures, à ce que vous avez fait dans le passé et que sais-je encore...  Aux moments clés de votre carrière, vous vous posez nécessairement des questions auxquelles il n'est pas toujours facile de répondre. Ne demandez pas trop de conseils, vous risquez d'en obtenir plus de mauvais que de bons. Essayez de réfléchir plutôt  à ce qui vous fait vibrer, à ce que vous aimez ou ce qui vous fait plaisir, vers quoi vous voulez aller  et surtout évitez de vous enfermer dans un vocabulaire normatif : "il faut ou il ne faut pas", "je dois ou je ne dois pas", "je peux ou je ne peux pas".

 Vous prendrez la décision que vous incarnez totalement.

 Je vous livre en conclusion, le commentaire de Grégoire, 25 ans , ESCP, avec qui j'ai eu cette conversation passionnante :"Dans sa vie professionnelle, il faut être exigeant avec soi-même ce qui ne signifie pas qu'il faille sacrifier sa liberté. Souvent les jeunes diplômés se jettent dans une trajectoire professionnelle qui est une continuité de leurs études supérieures. Je préfère oser un vrai choix personnel, me jeter à l'eau même si c'est plus risqué."